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Christian Limousin

Adieu à Christian Limousin (1948-2023)

Notre ami Christian Limousin nous a quittés le 21 septembre dernier. 

Ecrivain, critique d’art et poète, il a présidé à la destinée de notre association depuis sa fondation en 1982, alternant les fonctions de président, de membre du Conseil d’Administration et, plus récemment, de président d’honneur. C’est dire s’il a compté durant ces quarante années de vie de la Fondation Zervos dont il était la plus vive et précieuse mémoire. 

Christian était aussi le grand spécialiste de l’œuvre de l’écrivain Georges Bataille – une connaissance dont il fit bien souvent profiter les membres de notre association sous forme de conférences, de colloques, d’entretiens et d’écrits divers grâce auxquels nous en savons un peu plus et un peu mieux sur notre concitoyen, cet auteur de réputation internationale, qui fit de Vézelay son lieu d’élection, dans une maison où il a écrit certains de ses textes fondamentaux comme La Part maudite ou Le Coupable.

Christian était né à Lyon. Dès 1972, il s’établit avec sa femme Josiane en Bourgogne, et à partir de 1981 à Saint-Père-sous-Vézelay où ils ont aménagé une grange non loin de la belle église du village. Nommé aux lycées d’Avallon, puis de Clamecy, il a enseigné les lettres et l’histoire de l’art, des domaines qui le passionnaient, auxquels il a consacré sa vie et ses recherches. En discutant avec lui, on découvrait sa vaste connaissance de la littérature et de la poésie, mais aussi des revues qui en rendaient compte. Il participait lui-même à certaines de ces revues, soit en tant que critique soit en tant que poète (Encres Vives, Po&sie, Art Press, Cahiers Octave Mirbeau, etc.)

Lorsque Christian accède à la présidence de l’association « Fondation Christian & Yvonne Zervos » qui vient d’être créée, en 1983, il est accompagné de Madeleine Ciceri, de Claude Stassart et du peintre Daniel Robert. Tout de suite il s’attelle à la tâche en prenant très à cœur le destin des œuvres du legs Zervos entassées dans un local exigu de la mairie, dépourvues de tout inventaire et de toute précaution.  Dès 1983, il monte avec ses collègues une première exposition : « 90 œuvres du legs Zervos à Vézelay » dont il constitue le catalogue avec Alain Coulange et Daniel Abadie. L’année suivante, il réalise la toute première exposition entièrement conçue, préparée et organisée par l’association dans la salle gothique de la mairie. L’exposition Jean Hélion est un succès ; son catalogue contient une préface de Blaise Gautier et un long entretien de Christian Limousin avec le peintre qu’il est allé rencontrer chez lui à Bigeonnette en Eure-et-Loir : entretien éclairant en ce qu’il met en lumière l’importance qu’ont pu avoir les Zervos sur le parcours artistique du peintre.

Lorsqu’il démissionne de la présidence en 1985, indigné par la gestion déplorable de la collection Zervos, l’association va connaître des années de sommeil. Les expositions sont confiées à « Yonne et Tourisme » dont Louis Deledicq est responsable. L’association renaîtra en 1992 et Christian y reprendra ses activités. En 1996, il participe au catalogue de l’exposition « Les peintres méditerranéens dans le legs Zervos » ; en 1998, il organise des « Lectures sous le préau » durant tout l’été. Dès lors, les expositions succèdent aux conférences et aux lectures. Il organise avec Betty Buffington la grande rencontre avec Michel Butor au printemps 2002 en lien avec la Maison Joë Bousquet de Carcassonne. Il lance les « Carnets de la Goulotte », petits livrets dont les textes accompagnent les expositions de Philippe Bonnet, de Gregory Mazurovsky, de Judith Wolfe. A partir de 2006, il donne une inflexion nette à l’orientation de l’association en direction de la critique d’art – une discipline qui lui est chère. Entre 2013 et 2017, un colloque, des expositions, des projections et des conférences seront dédiées au poète et critique d’art Max-Pol Fouchet en lien avec l’association présidée par la fille du poète.

Au fil des ans, il développe son œuvre poétique et critique, publiant ses textes dans des revues, et tout récemment sous forme de livre. Son écriture poétique vient souvent en regard d’une œuvre d’art plastique – ainsi de Serge Fauchier, de Régis Bouvier, d’Isabelle Boizanté – une autre manière pour lui d’accompagner une exposition par un texte comme il le fit pour Anne-Marie Millot-Wetzel, Christian Sorg ou Alix Le Méléder. 

Parallèlement, Christian poursuit activement l’étude de l’œuvre de Georges Bataille, organisant une Journée Bataille en 2002 à Vézelay, célébrant le 50ème anniversaire de sa mort en 2012 avec le « Collectif Lire Bataille » créé à cette occasion avec Claudie Stassart, Jean-marie Queneau, Geneviève Peigné et Jean-François Seron. Après la parution du livre d’Yvette Szczupak-Thomas, la fille « adoptive », des Zervos, « Un Diamant brut » en 2007, il met sur pieds à la Goulotte un hommage à l’auteur. Et en 2017, il présente dans la maison Zervos le N°3 des Cahiers Bataille, auxquels il participe en tant que membre du comité de lecture.

Ce sont là des aperçus, et sans doute des points plus visibles de son action au sein de l’association, dont il a su, en compagnie des présidents successifs et des membres du Conseil d’administration, entretenir la flamme, toujours en écho avec l’œuvre des Zervos. Grâce à lui, notre association a connu un essor dans le domaine de la critique artistique. Son attention aux artistes, sa curiosité, sa bienveillance et sa démarche vers eux toujours approfondie et enthousiaste nous ont offert bien des découvertes. 

Avec Christian Limousin, s’en est allé un acteur et un témoin irremplaçable de la vie culturelle du Vézelien à laquelle il sut apporter un magnifique rayonnement. 

 

Quelques ouvrages dont Christian Limousin est l’auteur : 

 

Poésie / Livres d’artiste 

  • Éclats / Fragments / Lambeaux, coll. « manuscrits », Encres Vives, Saint-Girons, 1971. Feu.illes, coll. « Manuscrits », Encres Vives, Saint-Girons, 1973.

  • Murmère (avec 4 peintures de Serge Fauchier), Ecbolade, Béthunes, 1976.
    Dans le règne de la flamme (avec 5 gravures de René Bonargent), coll. « Indifférence », Châteauroux, 1984. 

  • Champs d’action, essai poétique sur la peinture de Daniel Robert, Ecbolade, Béthunes, 1985.

  • Petite archéologie sensible du rouge (avec 6 lithographies de Serge Fauchier), éditions du Trabucaire, Perpignan, 1996. 

  • La Femme de feu (avec une gravure de Gregory Masurovsky), éditions Liancourt, Paris, 2003.

  • Vers la lumière blanche : trois décalages pour Bernadette Delrieu, Aux dépens des auteurs, 2006.

  • Propos décousus sur les buthés, essai poétique sur la plasticienne Isabel Boizanté (avec un dessin d’Isabel Boizanté), Ecbolade, Noeux-les-Mines, 2009. 

 

  • Chants du sel, accompagne les installations de Patrick Pourquoi sur le site des Fontaines Salées à Saint-Père, 2023. 

 

                   Essais 

  • Georges Bataille, coll. « Psychothèque, Éditions universitaires, Paris, 1974. 

  • Bourgogne-Vézelay assis en pays de vignoble, avec des photographies de Jean-Pol Stercq, Rhubarbe, Auxerre, 2013. 

Édition et direction d’ouvrage 

  • Gustave Geffroy : Paul Cézanne, édition, choix de textes, introduction et notes, coll. « Carré d’art », Séguier, Paris, 1995.

  • Max-Pol Fouchet et les arts plastiques (Conduire jusqu’au secret des œuvres), Actes du colloque de Vézelay, coll. « Écritures », Éditions universitaires de Dijon, 2011. 

  • « La Part maudite » de Georges Bataille, La dépense et l’excès, Classiques Garnier, Paris, 2015. 

Entretien avec Christian Limousin réalisé par Édith de La Héronnière

Dans lœil de Georges Bataille - Vers une colline athéologique

Revue des Deux Mondes - Mai 2012

Hommage à Christian Limousin à la librairie d'Avallon "L'autre Monde". 

Claude Garache

Claude Garache (1929-2023)

Dans le cadre de son nouveau projet culturel consacré au « livre d’artiste », la Fondation Zervos a rendu hommage, du 15 juin au 17 septembre 2023, au peintre et graveur Claude Garache, décédé le 29 août 2023, et dont la Maison Zervos aura donc eu le privilège d’accueillir la dernière exposition organisée de son vivant.

Pour cet événement auquel il tenait, Claude Garache avait accepté de prêter, avec l’assistance et la complicité de l’écrivain Amaury Nauroy, qui en a assuré le commissariat, un important ensemble d’œuvres de grande qualité. Il voulait tout particulièrement montrer des documents (livres, photos, manuscrits) mettant en évidence son exceptionnelle collaboration avec quelques-uns des écrivains les plus exigeants de son temps.

Placée sous l’enseigne de l’amitié, cette rétrospective aura sans doute été pour lui comme un geste d’adieu, un ultime salut à ceux qui l’ont accompagné et honoré tout au long de sa carrière.

Elle a permis aux estivaliers, qui sont venus nombreux à la Maison Zervos, de découvrir la vingtaine de volumes que Garache réalisa entre 1966 et 2019 avec de grands poètes ou prosateurs que, par modestie, il était à la fois surpris et enchanté d’avoir pour amis, d’Yves Bonnefoy à Jean Starobinski, de René Etiemble à Edmond Jabès et Philippe Jaccottet. C’était la toute première fois que le public pouvait admirer ces ouvrages tirés à un très petit nombre d’exemplaires, et diffusés dans un cercle restreint. Ils étaient accompagnés, pour l’occasion, d’une vingtaine d’eaux-fortes représentatives de l’œuvre gravé de l’artiste. Deux salles étaient par ailleurs consacrées au travail lithographique de Garache et aux principaux catalogues d’exposition qui tantôt précédèrent, tantôt prolongèrent le compagnonnage du peintre avec ses « alliés substantiels ».

Scandée par des archives photographiques et fortement nourrie de documents (lettres, brouillons) retraçant une partie de la genèse de ces livres, cette exposition de bibliophilie et d’estampes a sans doute permis de mieux faire comprendre la place centrale occupée par Garache dans la vie artistique et littéraire de la seconde moitié du vingtième siècle.

Le public a pu découvrir également une facette méconnue de la carrière du peintre : sa riche collaboration avec le cinéma. Le 19 août, fut projeté à la Goulotte le chef-d’œuvre de Vincente Minnelli, La Vie passionnée de Vincent Van Gogh, dont Garache fut le conseiller artistique.

Bien qu’il n’ait pas connu Christian et Yvonne Zervos, Claude Garache n’a cessé d’entretenir des liens d’amitié et de complicité artistique avec une petite tribu de poètes et d’artistes proches du couple, et souvent bien représentés dans la collection du musée Zervos : au premier chef Jacques Dupin, qui s’initia au métier d’éditeur en travaillant juste après la guerre pour les Cahiers d’art, mais aussi Árpád Szenes, Vieira da Silva, Alberto Giacometti, Raoul Ubac et Étienne Hajdu.

La Fondation Zervos ne peut qu’être fière de la confiance que lui aura témoigné Claude Garache en lui réservant cette ultime rétrospective de son œuvre sur papier, et partant d’avoir pu accueillir à la Maison Zervos un artiste dont le nom désormais s’ajoute à ceux des hôtes qui en ont fait la renommée.

Voir aussi

Promenade dans la maison Zervos à la Goulotte lors de l'exposition Claude Garache en 2023

Les collections s'enrichissent : Boyan

Chers amis,

Notre association fait l'objet d'un don remarquable de la part d'une de nos adhérentes, qui est aussi membre du Conseil d'administration.

Edith de la Héronnière

Présidente

Boyan
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Boyan RAINOV dit BOYAN (22 février 1921-2005)


BOYAN, de son vrai nom Raïnov Boyan est né à Sofia (Bulgarie) le 22 février 1921 dans une famille entièrement vouée à l'art. Son père Nikolai Rainov (1889-1954) est un artiste bulgare renommé, auteur de plus de 80 volumes sur l'histoire de l'art, chercheur, traducteur, linguiste, à la tête du département de l'Histoire de l'Art de Sofia. Son frère est l’écrivain bulgare Bogomil Raïnov. Son grand-père est le révolutionnaire bulgare Ivan Raïnov et son oncle l'artiste bulgare Stoyan Raïnov.
Le destin de Raïnov Boyan a été marqué par les succès mais aussi par des drames personnels. Suite à la guerre froide en 1946 lui et sa femme, Fay Vidal (aussi peintre et sculpteur), quittent la Bulgarie pour Paris où leur fille Diana-Maria naitra. Quatre ans plus tard elles repartiront en Bulgarie mais ne pourront pas revenir et la fille ne reverra son père qu'en 1978.

Dans ses débuts, il côtoie Christian et Yvonne Zervos, amis et protecteurs des arts. Dans leur domaine de la Goulotte près de Vézelay, il commence le dessin et la sculpture sur pierre ; il y rencontre quelques figures marquantes, notamment Cocteau et René Char pour qui il enlumina « Les Compagnons dans le jardin » - ce dernier lui consacra un poème : «Boyan Sculpteur». Il fit également des illustrations pour un livre de Paul Éluard «La Belle et la Bête». C'est une sculpture de Boyan que l'Administration des PTT a retenue comme sujet d'un timbre qu'elle émet en 1982 pour honorer la famille. Dans ce groupe qui unit le père, la mère et l'enfant on devine, traduits par l'épanouissement des formes harmonieuses, la joie de vivre et le bonheur de se savoir aimé.
Il émigre en France à partir de 1946 et finira par y être naturalisé. Les sculptures monumentales La Famille — dont un timbre postal sera édité en 1982 —, Amitié entre les peuples et La Ville sont installées sur trois places de Paris. Plusieurs villes de banlieue parisienne en ont des copies comme Antony, Chaville, Vitry-sur-Seine, Châtenay-Malabry ou encore Noisy-le-Sec.
Il eut un atelier à Chaville de 1968 à 1973.
Il meurt le 11 avril 2005 à Antony.

Un article, signé Christian Zervos, lui est consacré dans la revue Cahiers d’Art de 1960, pp. 232-237, sous le titre « Jeunes sculpteurs : BOYAN ».

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